lundi 11 octobre 2010

En mémoire de Maurice Allais



Fiche Wikipédia :
Maurice Félix Charles Allais, né à Paris le 31 mai 1911 et mort le 9 octobre 2010 à Saint-Cloud, est un économiste français proche de l'école néoclassique. Il est surtout connu pour ses contributions de pionnier à la théorie des marchés efficients dans l'utilisation des ressources pour lesquels il a reçu de nombreuses distinctions, dont le « prix Nobel d'économie » en 1988. Il est le seul citoyen français à avoir reçu cette distinction.

En 1947, il participe avec les libéraux Friedrich Hayek, Ludwig von Mises et Milton Friedman à la création de la Société du Mont Pèlerin, prônant une lutte contre la montée de l'étatisme et la restauration de la liberté des échanges telle qu'elle régnait avant 1914. À partir de 1994, il abandonne ses positions reaganiennes et dénonce le libre-échange, qu'il rend responsable de l'accroissement du chômage. En 2005, Maurice Allais estimait que l’abandon de la préférence communautaire, décidé en 1974 par Bruxelles, avait entraîné une réduction du taux de croissance du PIB réel par habitant de chaque pays du traité de Rome de l’ordre de 30 à 50 %.

Il soutient en 2009 des propositions de réforme du système financier proches de celles avancées par Lyndon Larouche. En France, le Front national dit s'inspirer, pour son programme économique des idées récentes d'Allais ainsi que le mouvement royaliste.

En 2010, Maurice Allais se définit comme un libéral socialiste ; pour éviter la destruction de l'agriculture et l'industrie française, il proposa une réforme rétablissant les préférences régionales au sein du commerce international lorsqu'un écart de salaire est aussi extrême qu’un rapport de un à six par exemple.

On peut lire chez l'UPR

Ceux qui détiennent le pouvoir de décision nous laissent le choix entre écouter des ignorants ou des trompeurs

À l’occasion de la disparition de Maurice Allais, seul Français à avoir jamais obtenu le “Prix Nobel d’économie” (il s’agit plus précisément du “Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel” car ce dernier n’avait pas créé de prix pour l’économie), le meilleur hommage à lui rendre est de reprendre ici le “Point de Vue” qu’il avait eu la possibilité de publier dans la presse française - une fois n’est pas coutume -, en l’occurrence dans le magazine Marianne  du 5 décembre 2009, voici dix mois.

Comme on le lira, cet homme encore très alerte intellectuellement malgré son grand âge, ce spécialiste mondialement reconnu des grandes crises économiques - et notamment de la crise de 1929 dont il rappelle ici qu’elle n’était due en rien au protectionnisme -, était tout simplement interdit de télévision, de radio et de journaux. Il est vrai qu’il disait la vérité : à savoir :

- que le démantèlement total des protections aux échanges, décidé conjointement par les Etats-Unis et la Commission européenne pour créer l”OMC, conduit directement à la destruction inexorable de l’industrie française, puis de son agriculture et de ses services, donc à l’appauvrissement irrémédiable de la France et des Français,

- que les instances européennes sont soit à la solde des grandes puissances d’argent soit d’une incompétence notoire (la charge qu’il dresse contre le commissaire français Pascal Lamy est à lire…),

- qu’il ne peut y avoir de salut qu’en rétablissant un protectionnisme par zones de même niveau de vie, notamment en excluant les pays d’Europe de l’est, ce qui est doublement contraire au principe même de l’Union européenne (qui repose quant à elle sur un libre-échangisme absolu et sur un grand marché étendu à tout le continent),

- enfin, que seuls “les ignorants ou les trompeurs” sont invités à s’exprimer dans les médias, lesquels sont tenus par une toute petite oligarchie financière qui écarte impitoyablement ceux qui veulent défendre l’intérêt de la France et du peuple français.
Le constat dressé par Maurice Allais est au fond exactement le même que celui dressé par François Asselineau, lui aussi interdit de tous les grands médias pendant que des incompétents ou des comparses y ont pignon sur rue.

Merci, Maurice Allais, pour cette grande leçon d’intelligence, de courage et de rectitude. Et ne vous en faites pas car l’avenir vous donnera raison bientôt. Comme le disait Charles de Gaulle, “Chez nous, on ne peut rien bâtir de durable sur le mensonge. C’est un fait troublant mais certain”.

== POINT DE VUE de Maurice ALLAIS - Marianne 9 décembre 2009 ==

Le point de vue que j’exprime est celui d’un théoricien à la fois libéral et socialiste. Les deux notions sont indissociables dans mon esprit, car leur opposition m’apparaît fausse, artificielle. L’idéal socialiste consiste à s’intéresser à l’équité de la redistribution des richesses, tandis que les libéraux véritables se préoccupent de l’efficacité de la production de cette même richesse. Ils constituent à mes yeux deux aspects complémentaires d’une même doctrine. Et c’est précisément à ce titre de libéral que je m’autorise à critiquer les positions répétées des grandes instances internationales en faveur d’un libre-échangisme appliqué aveuglément.

Le fondement de la crise : l’organisation du commerce mondial

La récente réunion du G20 a de nouveau proclamé sa dénonciation du « protectionnisme » , dénonciation absurde à chaque fois qu’elle se voit exprimée sans nuance, comme cela vient d’être le cas. Nous sommes confrontés à ce que j’ai par le passé nommé « des tabous indiscutés dont les effets pervers se sont multipliés et renforcés au cours des années » (1). Car tout libéraliser, on vient de le vérifier, amène les pires désordres. Inversement, parmi les multiples vérités qui ne sont pas abordées se trouve le fondement réel de l’actuelle crise : l’organisation du commerce mondial, qu’il faut réformer profondément, et prioritairement à l’autre grande réforme également indispensable que sera celle du système bancaire.

Les grands dirigeants de la planète montrent une nouvelle fois leur ignorance de l’économie qui les conduit à confondre deux sortes de protectionnismes : il en existe certains de néfastes, tandis que d’autres sont entièrement justifiés.

Dans la première catégorie se trouve le protectionnisme entre pays à salaires comparables, qui n’est pas souhaitable en général.


Par contre, le protectionnisme entre pays de niveaux de vie très différents est non seulement justifié, mais absolument nécessaire. C’est en particulier le cas à propos de la Chine, avec laquelle il est fou d’avoir supprimé les protections douanières aux frontières. Mais c’est aussi vrai avec des pays plus proches, y compris au sein même de l’Europe. Il suffit au lecteur de s’interroger sur la manière éventuelle de lutter contre des coûts de fabrication cinq ou dix fois moindres - si ce n’est des écarts plus importants encore - pour constater que la concurrence n’est pas viable dans la grande majorité des cas. Particulièrement face à des concurrents indiens ou surtout chinois qui, outre leur très faible prix de main-d’œuvre, sont extrêmement compétents et entreprenants.

Mon analyse étant que le chômage actuel est dû à cette libéralisation totale du commerce, la voie prise par le G20 m’apparaît par conséquent nuisible. Elle va se révéler un facteur d’aggravation de la situation sociale. À ce titre, elle constitue une sottise majeure, à partir d’un contresens incroyable. Tout comme le fait d’attribuer la crise de 1929 à des causes protectionnistes constitue un contresens historique. Sa véritable origine se trouvait déjà dans le développement inconsidéré du crédit durant les années qui l’ont précédée. Au contraire, les mesures protectionnistes qui ont été prises, mais après l’arrivée de la crise, ont certainement pu contribuer à mieux la contrôler.

Comme je l’ai précédemment indiqué, nous faisons face à une ignorance criminelle. Que le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, ait déclaré : « Aujourd’hui, les leaders du G20 ont clairement indiqué ce qu’ils attendent du cycle de Doha : une conclusion en 2010 » et qu’il ait demandé une accélération de ce processus de libéralisation m’apparaît une méprise monumentale, je la qualifierais même de monstrueuse. Les échanges, contrairement à ce que pense Pascal Lamy, ne doivent pas être considérés comme un objectif en soi, ils ne sont qu’un moyen. Cet homme, qui était en poste à Bruxelles auparavant, commissaire européen au Commerce, ne comprend rien, rien, hélas ! Face à de tels entêtements suicidaires, ma proposition est la suivante : il faut de toute urgence délocaliser Pascal Lamy, un des facteurs majeurs de chômage !

Plus concrètement, les règles à dégager sont d’une simplicité folle : du chômage résulte des délocalisations, elles-mêmes dues aux trop grandes différences de salaires… À partir de ce constat, ce qu’il faut entreprendre en devient tellement évident ! Il est indispensable de rétablir une légitime protection. Depuis plus de dix ans, j’ai proposé de recréer des ensembles régionaux plus homogènes, unissant plusieurs pays lorsque ceux-ci présentent de mêmes conditions de revenus, et de mêmes conditions sociales. Chacune de ces « organisations régionales » serait autorisée à se protéger de manière raisonnable contre les écarts de coûts de production assurant des avantages indus a certains pays concurrents, tout en maintenant simultanément en interne, au sein de sa zone, les conditions d’une saine et réelle concurrence entre ses membres associés.

Un protectionnisme raisonné et raisonnable

Ma position et le système que je préconise ne constitueraient pas une atteinte aux pays en développement. Actuellement, les grandes entreprises les utilisent pour leurs bas coûts, mais elles partiraient si les salaires y augmentaient trop. Ces pays ont intérêt à adopter mon principe et à s’unir à leurs voisins dotés de niveaux de vie semblables, pour développer à leur tour ensemble un marché interne suffisamment vaste pour soutenir leur production, mais suffisamment équilibré aussi pour que la concurrence interne ne repose pas uniquement sur le maintien de salaires bas. Cela pourrait concerner par exemple plusieurs pays de l’est de l’Union européenne, qui ont été intégrés sans réflexion ni délais préalables suffisants, mais aussi ceux d’Afrique ou d’Amérique latine.

L’absence d’une telle protection apportera la destruction de toute l’activité de chaque pays ayant des revenus plus élevés, c’est-à-dire de toutes les industries de l’Europe de l’Ouest et celles des pays développés.  Car il est évident qu’avec le point de vue doctrinaire du G20, toute l’industrie française finira par partir à l’extérieur. Il m’apparaît scandaleux que des entreprises ferment des sites rentables en France ou licencient, tandis qu’elles en ouvrent dans les zones à moindres coûts, comme cela a été le cas dans le secteur des pneumatiques pour automobiles, avec les annonces faites depuis le printemps par Continental et par Michelin.

Si aucune limite n’est posée, ce qui va arriver peut d’ores et déjà être annoncé aux Français : une augmentation de la destruction d’emplois, une croissance dramatique du chômage non seulement dans l’industrie, mais tout autant dans l’agriculture et les services.

De ce point de vue, il est vrai que je ne fais pas partie des économistes qui emploient le mot « bulle ». Qu’il y ait des mouvements qui se généralisent, j’en suis d’accord, mais ce terme de « bulle » me semble inapproprié pour décrire le chômage qui résulte des délocalisations. En effet, sa progression revêt un caractère permanent et régulier, depuis maintenant plus de trente ans. L’essentiel du chômage que nous subissons -tout au moins du chômage tel qu’il s’est présenté jusqu’en 2008 - résulte précisément de cette libération inconsidérée du commerce à l’échelle mondiale sans se préoccuper des niveaux de vie. Ce qui se produit est donc autre chose qu’une bulle, mais un phénomène de fond, tout comme l’est la libéralisation des échanges, et la position de Pascal Lamy constitue bien une position sur le fond.

Crise et mondialisation sont liées

Les grands dirigeants mondiaux préfèrent, quant à eux, tout ramener à la monnaie, or elle ne représente qu’une partie des causes du problème. Crise et mondialisation : les deux sont liées. Régler seulement le problème monétaire ne suffirait pas, ne réglerait pas le point essentiel qu’est la libéralisation nocive des échanges internationaux, Le gouvernement attribue les conséquences sociales des délocalisations à des causes monétaires, c’est une erreur folle.

Pour ma part, j’ai combattu les délocalisations dans mes dernières publications (2). On connaît donc un peu mon message. Alors que les fondateurs du marché commun européen à six avaient prévu des délais de plusieurs années avant de libéraliser les échanges avec les nouveaux membres accueillis en 1986, nous avons ensuite, ouvert l’Europe sans aucune précaution et sans laisser de protection extérieure face à la concurrence de pays dotés de coûts salariaux si faibles que s’en défendre devenait illusoire. Certains de nos dirigeants, après cela, viennent s’étonner des conséquences !

Si le lecteur voulait bien reprendre mes analyses du chômage, telles que je les ai publiées dans les deux dernières décennies, il constaterait que les événements que nous vivons y ont été non seulement annoncés mais décrits en détail. Pourtant, ils n’ont bénéficié que d’un écho de plus en plus limité dans la grande presse. Ce silence conduit à s’interroger.

Un prix Nobel… téléspectateur

Les commentateurs économiques que je vois s’exprimer régulièrement à la télévision pour analyser les causes de l’actuelle crise sont fréquemment les mêmes qui y venaient auparavant pour analyser la bonne conjoncture avec une parfaite sérénité. Ils n’avaient pas annoncé l’arrivée de la crise, et ils ne proposent pour la plupart d’entre eux rien de sérieux pour en sortir. Mais on les invite encore. Pour ma part, je n’étais pas convié sur les plateaux de télévision quand j’annonçais, et j’écrivais, il y a plus de dix ans, qu’une crise majeure accompagnée d’un chômage incontrôlé allait bientôt se produire, je fais partie de ceux qui n’ont pas été admis à expliquer aux Français ce que sont les origines réelles de la crise alors qu’ils ont été dépossédés de tout pouvoir réel sur leur propre monnaie, au profit des banquiers. Par le passé, j’ai fait transmettre à certaines émissions économiques auxquelles j’assistais en téléspectateur le message que j’étais disposé à venir parler de ce que sont progressivement devenues les banques actuelles, le rôle véritablement dangereux des traders, et pourquoi certaines vérités ne sont pas dites à leur sujet. Aucune réponse, même négative, n’est venue d’aucune chaîne de télévision et ce durant des années.

Cette attitude répétée soulève un problème concernant les grands médias en France : certains experts y sont autorisés et d’autres, interdits. Bien que je sois un expert internationalement reconnu sur les crises économiques, notamment celles de 1929 ou de 1987, ma situation présente peut donc se résumer de la manière suivante : je suis un téléspectateur. Un prix Nobel… téléspectateur, Je me retrouve face à ce qu’affirment les spécialistes régulièrement invités, quant à eux, sur les plateaux de télévision, tels que certains universitaires ou des analystes financiers qui garantissent bien comprendre ce qui se passe et savoir ce qu’il faut faire. Alors qu’en réalité ils ne comprennent rien. Leur situation rejoint celle que j’avais constatée lorsque je m’étais rendu en 1933 aux États-Unis, avec l’objectif d’étudier la crise qui y sévissait, son chômage et ses sans-abri : il y régnait une incompréhension intellectuelle totale. Aujourd’hui également, ces experts se trompent dans leurs explications. Certains se trompent doublement en ignorant leur ignorance, mais d’autres, qui la connaissent et pourtant la dissimulent, trompent ainsi les Français.

Cette ignorance et surtout la volonté de la cacher grâce à certains médias dénotent un pourrissement du débat et de l’intelligence, par le fait d’intérêts particuliers souvent liés à l’argent.. Des intérêts qui souhaitent que l’ordre économique actuel, qui fonctionne à leur avantage, perdure tel qu’il est. Parmi eux se trouvent en particulier les multinationales qui sont les principales bénéficiaires, avec les milieux boursiers et bancaires, d’un mécanisme économique qui les enrichit, tandis qu’il appauvrit la majorité de la population française mais aussi mondiale.

Question clé : quelle est la liberté véritable des grands médias ? Je parle de leur liberté par rapport au monde de la finance tout autant qu’aux sphères de la politique.

Deuxième question : qui détient de la sorte le pouvoir de décider qu’un expert est ou non autorisé à exprimer un libre commentaire dans la presse ?

Dernière question : pourquoi les causes de la crise telles qu’elles sont présentées aux Français par ces personnalités invitées sont-elles souvent le signe d’une profonde incompréhension de la réalité économique ? S’agit-il seulement de leur part d’ignorance ? C’est possible pour un certain nombre d’entre eux, mais pas pour tous. Ceux qui détiennent ce pouvoir de décision nous laissent le choix entre écouter des ignorants ou des trompeurs.

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(1) L’Europe en crise. Que faire ?, éditions Clément Juglar. Paris, 2005.

(2) Notamment La crise mondiale aujourd’hui, éditions Clément Juglar, 1999, et la Mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance : l’évidence empirique, éditions Clément Juglar, 1999.


On peut lire chez Jacques Cheminade :  

Paris, le 11 octobre 2010 — Je viens d’apprendre hier soir la mort de Maurice Allais. Le seul Prix Nobel français de sciences économiques disparaît ainsi, sans que la presse écrite de ce matin lui consacre l’hommage qu’il mérite.
Il est vrai que depuis un certain temps, Le Figaro avait refusé de publier ses articles, et que seuls L’Humanité et Marianne l’an dernier, lui avaient ouvert leurs colonnes
Aujourd’hui, Le Figaro se montre plus prolixe, mais aucun média ne mentionne que Maurice Allais défendait depuis toujours la séparation entre banques d’affaires, banques de dépôt et banques de crédit (sa vision d’un Glass-Steagall global) et qu’il avait expliqué, démontré et annoncé depuis plus d’une décennie, dans de nombreux ouvrages et articles, la catastrophe financière mondiale survenue au cours de l’été 2008.
Logiquement, Maurice Allais s’était associé au large débat public ouvert par Lyndon LaRouche en vue de refonder radicalement le système de crédit et le système monétaire international, soulignant que sur des points essentiels, M. LaRouche et ses organisations avaient « souvent soutenu des idées proches de mes propres propositions de réformes fondamentales du système monétaire et financier international ».
Il nous avait autorisé, par sa lettre du 27 novembre 2009, à faire part publiquement de cette affirmation.
Ce « libéral socialiste », qui, selon moi, n’était ni l’un ni l’autre mais qui, en expert de la physique fondamentale, considérait l’économie du point de vue de l’équipement et de la production et non simplement d’une vision monétariste, aimait affirmer qu’il n’avait eu qu’un seul élève digne de ce nom, Gérard Debreu.
Par ailleurs, de nombreux dirigeants et responsables français, comme Dominique Strauss-Kahn, Marcel Boiteux, Thierry de Montbrial ou encore Jean-Louis Bianco, ont également suivi ses cours.
Personnellement, avec Louis Armand, Pierre Massé, Philippe Lamour et les équipes du Commissariat du et au Plan, j’ai baigné au cours de mes années d’études dans l’esprit de ce que les travaux de Maurice Allais avaient alors insufflé dans notre pays.
Puisse cet esprit renaître, par delà le désarroi et l’incompétence actuelles, en inspirant ceux qui sont atterrés par le système financier dominant, pour qu’ils trouvent la voie qui permettra d’en sortir par le haut, non en cherchant les issues dans un passé régressif mais dans un avenir de science et d’innovation, au cœur de ce que défendit Maurice Allais, une économie dans laquelle l’homme agit en responsable de son espèce et de la nature, découvrant, appliquant, équipant et produisant.
Il y a une urgence, une extrême urgence, car un monde dont le système financier se désintègre et le système économique et social se décompose a besoin d’une nouvelle génération de dirigeants, à l’image de l’homme de caractère qu’était Maurice Allais.
Jacques Cheminade.

On peut lire chez Nicolas Dupont-Aignan

Disparition de Maurice Allais : l’hommage du vice à la vertu
Seul contre tous dans son rejet du libre échange intégral et déloyal, Maurice Allais n’était pas seulement un immense savant de l’économie, mais aussi et d’abord un esprit libre, un vrai humaniste et un citoyen engagé, refusant tout au long de sa vie l’injustice qui se pare trop souvent des fausses nécessités et des idées à la mode.
Debout la République, qui plaide depuis toujours pour une humanisation de la mondialisation sauvage, n’a pas attendu la disparition de Maurice Allais pour faire une large place à ses analyses et propositions : lors de sa convention nationale pour le retour du plein-emploi en avril dernier, notre mouvement gaulliste et républicain avait ainsi eu l’honneur de recevoir un message de sa part, dans lequel il réaffirmait son soutien à la mise sur pied d’un véritable protectionnisme européen contre le capitalisme prédateur des pays émergents.
Il n’en est que plus écœurant de voir tous ceux qui, par leurs actes, ont combattu pendant vingt ans les idées de l’unique prix Nobel français d’économie (et ne se privant pas au passage de le qualifier de « ringard » pour le disqualifier), se presser aujourd’hui pour lui rendre hommage et tenter de détourner sa pensée. L’éternel hommage du vice à la vertu !
Pour sa part, Debout la République ne renoncera pas à plaider l’Europe des nations et du juste échange qu’avait toujours appelé de ses vœux Maurice Allais, dont la modernité, comme tous les grands esprits de notre temps, survivra bien entendu à sa mort.
Nicolas DUPONT-AIGNAN

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