mardi 30 novembre 2010

L'Otan veut l'unité Europe-Amérique. Oui mais contre qui?

Le dernier sommet de l’OTAN, qui  a rassemblé il y a quelques jours les 28 pays membres à Lisbonne,   serait, dit-on, un des plus importants qui aient eu lieu. Afin de définir un nouveau « concept » justifiant l’existence de l’organisation, les alliés y ont passé en revue l’ensemble des menaces auxquelles elle devrait faire face dans l’avenir. Ces menaces balayent un spectre très large qui va de la guerre cybernétique au changement climatique en passant par le terrorisme, justification de la guerre en Afghanistan, et la menace de missiles nucléaires qui pourraient partir d’un Etat voyou. Il est un autre risque que l’on n’a pas avoué puisque, dans le cadre du partenariat stratégique, le président Medvedev avait été invité, mais que les Etats-Unis ne manquent pas d’agiter auprès de leurs alliés comme si le communisme ne s’était jamais effondré : la menace russe.  
(...) a été rendu officielle et approuvée par tous les membres la mise en place d’un bouclier anti-missiles stratégique, dont on sait combien il est mal ressenti par la Russie.

Un instrument de contrôle politique

(...) l’OTAN est aujourd’hui, moins une alliance militaire qu’un moyen de contrôle politique par les Etats-Unis de leurs « alliés».
(...)  les pays d’Europe occidentale ne consacreront bientôt qu’à peine plus de 1 % de leur PIB à la défense, pour 4,6 % aux  Etats-Unis - soit 43 % des dépenses militaires mondiales.
Les Etats-Unis ont beau se plaindre de l’effondrement progressif de l’autre pilier de l’Alliance sur lequel, au moins en théorie, ils aimeraient compter, ce fait est déjà pris en compte par leurs théoriciens : pour le néo conservateur Robert Kagan, ( La puissance et la faiblesse, 2003 ), il est acquis, que les Etats-Unis sont une puissance « martienne », vouée à la guerre et pleinement acteur de l’histoire contemporaine, tandis que les Européens ne sont plus que des « vénusiens », adonnés à l’amour et aux bons sentiments et oublieux du tragique de l'histoire, trop heureux d’abandonner le soin de leur défense à leur grand allié.
Et n’est-ce d’ailleurs pas ce qu’ils ont voulu ? Les folles spéculations de Z.Brzeszinski (Le grand échiquier, 1997) partent de l’idée que le seul moyen que l’Europe reste pour les Etats-Unis un allié sûr, qu’elle ne bascule pas dans un bloc eurasiatique hostile, était de la « castrer », d’anesthésier sa volonté, au travers d’un contrôle étroit de la politique des pays d’Europe occidentale (dont le dernier film de Polanski, The ghost-writer donne sans doute une idée) et d’organismes comme l’OTAN.
Que l’assujettissement entraine la baisse de l’effort de défense, c’est ce que le général de Gaulle avait prévu dans une incise, passée alors inaperçue, de sa célèbre conférence de presse du 23 février 1967 où il annonçait le retrait de la France de l’organisation intégrée de l’OTAN.
« La volonté qu’a la France de disposer d’elle-même, volonté sans laquelle elle cesserait bientôt de croire en son propre rôle et de pouvoir être utile aux autres, est incompatible avec une organisation de défense où elle se trouve subordonnée. »
Autrement dit, de Gaulle posait le théorème suivant, que la suite des événements devait valider : la propension d’un pays à payer pour sa défense – et donc à demeurer un allié sûr - est proportionnelle à son indépendance. Pas d’indépendance, pas de défense.  
On peut s’interroger sur les menaces passées en revue au sommet de Lisbonne, quant à leur réalité : Russie, terrorisme (sur lequel on peut en tous les cas dire qu’il ne se joue pas en Afghanistan), états-voyous, ou quant à leur caractère spécifique au bloc occidental : réchauffement climatique, qui, nous semble-t-il, serait plutôt du ressort de l’ONU.
 (...)
Roland Hureaux.

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