dimanche 28 août 2011

Libye : la connexion OTAN-Al Qaïda



I)              La connexion OTAN-Al Qaïda



Ce n'est plus guère caché, la guerre en Lybie a bel et bien été le fait d'une alliance entre les « forces occidentales » de l'OTAN (USA – France – Grande Bretagne : quoi qu’il en soit c’est très certainement Washington qui décide du principal des opérations) et de l'islamisme local, les fameux terroristes qui menaçaient libertés et démocratie et contre lesquels il fallait se battre, notamment en Afghanistan... mais c'est maintenant de l'histoire ancienne.

Ce qui est de l’histoire ancienne, c’est certainement en partie le « bogeyman » du terrorisme islamiste, en effet, la mise hors-jeu de Ben Laden est bien le signe d’un changement de stratégie de la puissance américaine, du moins dans la communication.
Pour « mettre à jour » leurs positions dans le Maghreb et au Moyen-Orient et bénéficier des opportunités pouvant découler d’un « nouvel état des choses » régional, les USA ont (à nouveau) usé de la contestation (de couleur verte cette fois) en Egypte, Tunisie, Libye etc.
Mais 
si les interventions en Afghanistan étaient justifiées par la lutte contre le terrorisme, en Irak contre un dictateur possédant des armes de destructions massives (mais également finançant prétendument le terrorisme), si l’Iran fait lui aussi partie de l’axe du mal à ce titre, en Lybie c’est au contraire Kadhafi qui disait être attaqué par Al Qaïda !

Le basculement des rôles n’est cependant que partiel, car il suffit de s’intéresser un peu aux évènements géopolitiques récents pour savoir que les USA (ou certains « centres de décision » privés et publics aux USA : services d’intelligence, complexe militaro-industriel, bil oil company… ; mais également Israël) ont intentionnellement alimenté la menace islamiste qui a été utilisée aux cours de conflits de basse intensité depuis la deuxième moitié du XXème siècle.



Ainsi, 
ce fut les Frères Musulmans contre Nasser et le nationalisme arabe, les radicaux talibans contre les russes en Afghanistan (Brzezinski ayant reconnu qu’il s’agissait d’un piège tendu aux soviétiques ; les talibans ayant été soutenus dès avant l’intervention soviétique), la Bosnie, le Kosovo, la superstar du terrorisme international a lui-même été formé par la CIA… Ne parlons pas du grand allié des USA, l’Arabie Saoudite wahhabite qui arrose de fonds tous les islamistes de la terre, avec l’assentiment de Washington. Le clou du spectacle, enfin, c’était bien le 11 septembre qui fut l’évènement tant attendu par certains cercles pour reprendre pied au Moyen-Orient.

Donc, concernant la Libye, l’OTAN s’est une nouvelle fois retrouvée avec le meilleur ami des intérêts américains en Afrique et au Moyen-Orient. Mais un peu plus clairement sur la même ligne de front : "BL rest in peace !"

Dans les médias le pot-aux-roses est quelque peu dévoilé :

« Selon Libération, les principaux gouverneurs militaires de la Nouvelle Libye seraient des anciens du Groupe Islamiste Combattant Libyen. Les historiens écriront-ils que la libération de la Libye fut le résultat d'une alliance de fait entre l'OTAN et les islamistes ? »



 Abdul Hakim el-Hasadi, membre d'Al Qaïda a combattu en Afghanistan avant de rejoindre l'insurrection libyenne. Il est le gouverneur militaire de Derna.
(…)
Ancien directeur de la sécurité à la DGSE, Alain Chouet avoue néanmoins une certaine surprise de voir que « les journalistes ne s’étonnent pas que les rebelles ne crient pas « Vive  la liberté » quand ils entrent dans une ville mais « Allah Akbar ». Tout le monde a l’air de trouver ça normal. Cette révolution a commencé à Tobrouk à 15 kilomètres de la frontière égyptienne avec des gens qui  d’un seul coup ont sorti des canons et des mitrailleuses. Ils ne les avaient pas cachés sous leur lit pendant 40 ans. Quelqu’un leur a fourni. Suivez mon regard…Quand Kadhafi disait « c'est Al Qaïda qui est contre moi », il en rajoutait évidemment des tonnes, mais sur le fond, il n'avait pas tout à fait tort. C'est quelque chose qu'il va falloir assumer ».


En complément : Ben Laden, l’homme des américains , « les dollars de la terreur » de Richard Labévière, chronique du choc des civilisations d’Aymeric Chauprade etc.


II)            L’intense usage de la propagande de guerre et l’alibi des droits de l’homme cachent les motifs économico-géopolitiques de la guerre 

Malgré le fait que nous ayons encore peu de recul sur la façon dont les choses se sont effectivement déroulées lors de cette guerre. Les traces de guerre médiatique, psychologique ont bien été décelées, et à grande échelle (le qatar par le biais de sa chaîne Al Jazeera a carrément reproduit des décors de places libyennes avec des scènes de joie de faux rebelles, c'est dire le degré d'objectivité de l'information). Ce qui fait dire à certain que les mensonges sur la guerre en Libye dépasseraient ceux ayant permis la guerre en Irak.

En effet, les non-dits au sujet du CNT, présenté comme l’antithèse de l’horrible dictateur Khadafi, les soi-disant massacres ayant justifié la guerre, les multiples motifs économico-géopolitiques (l’or de la Libye, ses réserves en devises, les projets financiers de Khadafi, le pétrôle etc. etc.), le silence sur les bavures… Tout cela fait beaucoup.

Au sujet de la guerre psychologique, quelques vidéos :


Également, cette guerre n’aurait jamais pris une telle ampleur sans le concours de l’OTAN et des services d’intelligence sur place. Cette guerre, c’est bien celle de l’OTAN, le CNT et les rebelles n’auraient jamais conquis Tripoli, ce qui veut bien dire qu’ils n’y étaient pas légitimes au sein de la population.


III)          Morts civiles et vendetta tribales : ce sera pire qu’avant à n’en pas douter.

Enfin, bien sûr cette guerre a causé de nombreuses morts civiles par le biais des bombardements de l’OTAN, mais l’histoire récente (Kosovo, Irak etc.) nous montre également que l’ingérence pseudo-humanitaire occidentale signifie in fine pour les civils une vie plus dure, un vrai chaos politique et social. Mais d’ici à ce que les effets de cette stratégie du chaos se fassent sentir, les BHL & co. auront trouvé de nouvelles cibles.

"Quel avenir désormais pour la Libye ? Communiqué de Bernard Lugan

« Toujours à la différence de la Tunisie et de l’Egypte, et cela a constamment été caché à l’opinion française afin de ne pas écorner l’image « positive » des insurgés, ce soulèvement fut extrêmement violent. Il fut en effet, dans certaines villes tombées aux mains des rebelles, accompagné de la mise à mort d’une manière cruelle et rappelant les méthodes des islamistes algériens, des partisans du régime et parfois même des membres de leurs familles.
- Ce fut donc dans une atroce guerre civile que la France s’immisça pour des raisons officiellement éthiques. Sans son intervention, le colonel Kadhafi aurait repris le contrôle de la situation.
A la date du vendredi 26 août, l’avenir de la Libye est pour le moins incertain. Le CNT qui a annoncé qu’il allait quitter Benghazi pour venir s’installer à Tripoli demande des sommes astronomiques à la « communauté internationale » pour reconstruire le pays prospère qu’il vient de détruire. Pour mémoire, avant les « évènements », la Libye était le pays d’Afrique le plus développé et le chômage des jeunes qui fut un des leviers des évènements tunisiens y était inexistant. »
(…)
« Vaincre dans une guerre aérienne et électronique sophistiquée un dictateur usé et anachronique dont l’état-major était incapable de coordonner la moindre action militaire interarmes et dont les blindés à bout de souffle manœuvraient quasiment au fanion, presque comme en 1916, est une chose. Gérer une situation géopolitique instable née de cette guerre va en être une autre… »

 
Tripolitaine, Cyrénaïque et Fezzan, les 3 proovinces historiques de la Libye / crédit : Xfigpower - Wikipédia commons


« Peu à peu se confirme l’horrible vérité. Que signalaient depuis avril - mais en vain - diverses missions internationales d’enquête : les troupes de choc des « rebelles démocrates » n’ont cessé de commettre des atrocités, des viols barbares, des pillages, des lynchages racistes et des crimes de guerre. Quand ils ne se tuent pas entre eux. »



En complément :




Au final, nous avons certainement assez d’éléments attestant que cette guerre est moisie de fond en comble.
Même si, du point de vue du facteur tribal la cyrénaïque a toujours été un foyer de contestation du régime chapeauté par Khadafi, l'avenir nous dira le degré de légitimité ou d’illégitimité des rebelles et du CNT pour asseoir leur pouvoir sur la Libye.
On peut imaginer que
le futur pouvoir des rebelles sera inversement proportionnel à la participation des forces étrangères à la guerre. 
Devront-ils fonder une autorité sur la force ? Certainement. Passer de nouveaux compromis avec l'ouest ? Fort possible.

Quoi qu'il en soit, le degré d’emprise de la part de force étrangères sera sans conteste très important, bien plus que du temps de Khadafi, ce qui signifie que les ressources du pays n'iront pas en priorité vers la population alors que la Libye semblait jusque là être un exemple en Afrique de ce point de vue.

Pour finir, le contraste entre la prise de pouvoir de Khadafi fondée sur une émancipation vis à vis des puissances et celle du CNT, marionnette des mêmes puissances, est frappant. D’un côté on a une volonté d’indépendance internationale, même si le régime était certainement critiquable à maints égards, mais de l’autre on a dès le départ une allégeance totale à l’OTAN, je vous laisse juge de la valeur respective de ces démarches.

Eurokritik

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